Jordi Savall enchante le Midsummer Festival

Publié le 18 juin 2010

Jeudi soir, le Midsummer Festival au Château d’Hardelot a accueilli un concert particulièrement attendu, celui de Jordi Savall et Hespérion XXI.
De mélodies hypnotiques en chevauchées fantastiques, le maître de la musique ancienne a guidé les spectateurs dans un voyage à travers l’Europe de 1500 à 1700. Un concert d’une rare intensité, à mi-parcours d’un festival remarquable.
À quelques minutes du concert, l’excitation est palpable. Chacun sait que l’expérience sera unique.

Jordi Savall entre dans la lumière, suivi des six musiciens d’Hespérion XXI et l’on retient son souffle. Regard profond et lumineux, visage marqué et sage, le Catalan impose par sa seule personne. Les violes à gambes s’animent dans un même élan et ne font plus qu’un.

Totalement concentrés sur l’exécution de ces œuvres intemporelles, les musiciens d’Hespérion ne quittent jamais le maître Savall des yeux. Tout passe par le regard, dialogue subtile, comme une seconde nature. La finesse musicale est telle qu’elle semble irréelle.

L’âge d’or de la musique pour ensemble de violes recèle de véritables trésors, magnifiés par la connaissance et le talent de Jordi Savall. Italie, Angleterre, Espagne, France, Allemagne… Conçu comme un grand crescendo, le programme nous emmène à travers deux siècles de musiques contemplatives, festives et mystiques. Le public aurait voulu que le concert dure toute la nuit. Sous les acclamations et les applaudissements, Jordi Savall prolonge le plaisir de trois rappels et une improvisation superbe.

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Jordy Savall, vous nous avez offert un voyage à travers toute l’Europe. Que voulez-vous montrer à travers ce programme ?

Je souhaite montrer que l’Europe est bien réelle, qu’elle est un lieu de rencontre. Toutes ces musiques ont tant de choses en commun ! Et pourtant chaque pays a sa propre couleur musicale. Hespérion XXI est d’ailleurs très européen : Catalogne, Belgique, Allemagne, Norvège, Italie. La plupart des musiciens ont été mes élèves, ce qui nous rapproche beaucoup.

Vous avez sauvé de l’oubli de nombreuses œuvres baroques. Comment est né cet amour pour les musiques anciennes ?

J’ai commencé la musique à six ans en chantant des chants grégoriens dans une petite chorale d’école. C’est véritablement la racine de mon parcours musical. Plus tard j’ai joué du jazz, appris l’harmonica, les percussions… C’était l’époque d’Elvis Presley ! Je ne savais pas précisément ce que je voulais faire. Et puis un jour, en allant au Conservatoire, j’ai entendu une répétition du Requiem de Mozart. Cela m’a tellement touché que j’ai voulu devenir musicien. J’ai alors commencé le violoncelle à l’âge de 15 ans.

Quel est votre sentiment après ce concert dans la Tour Vagabonde du Midsummer Festival ?

C’est un grand plaisir de jouer dans ce lieu tout à fait inhabituel. Il est tout à fait adapté pour écouter nos musiques car il offre une proximité et une chaleur comme à l’époque. Le son ne résonne pas comme dans les églises, ce qui le rend très authentique. Je félicite les promoteurs de ce festival car c’est une idée très originale !

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Le Midsummer festival continue jusqu’au 27 juin !

  • Vendredi 18 juin à 20h30 - French & English songs : Fauré, Britten, Vaughan Williams, Hersant, Adès
    avec Sequenza 9.3, Catherine Simonpietri, Jonas Vitaud.
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  • Jeudi 24 juin et vendredi 25 juin à 20h30 - Le Songe d’une Nuit d’été : Shakespeare (théâtre)
    avec le Théâtre de l’Écrou, Pip Simmons.
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