Dans leur tenue orange aux bandes réfléchissantes, les agents d’exploitation sont quotidiennement sur les routes. Entretien et réparation des voies, fauchage des accotements, élagage, ramassage des déchets négligemment jetés sur la voie publique, salage des routes en hiver, signalisation et mise en place de déviations… Leurs missions sont diverses et variées, mais toutes essentielles à notre sécurité et à notre qualité de vie. Pourtant, ces agents sont trop souvent la cible d’incivilités, de critiques et confrontés au comportement dangereux de conducteurs imprudents.
Dans les 38 CER (Centre d’entretien routier) qui maillent les territoires du Département, plus de 500 agents d’exploitation assurent la qualité des 6200 km de routes départementales. Pourtant, tous ont été confrontés au moins une fois à l’indélicatesse d’usagers ou à une conduite imprudente, voire dangereuse de la part d’automobilistes ou de camionneurs.
À titre d’exemple, au CER de Marconnelle, il y a quelques semaines, un agent a préservé son collègue d’un accident qui aurait pu lui être fatal : « Nous étions occupés à vider les poubelles sur le bord d’une route quand le conducteur d’un poids lourd a démarré sans faire attention au porte-à-faux. J’ai juste eu le temps de pousser mon collègue pour éviter l’accident », explique Benjamin.
Des risques quotidiens pour ces hommes et femmes qui œuvrent pour notre propre sécurité.
Se sentir utile certes, mais aussi vulnérable
Tommy Moriaux, agent d’exploitation au CER de Marconnelle, aime son travail : « On se sent vraiment utiles à nos concitoyens, quand on entretient une route ou quand nous les renseignons sur ce que l’on fait, par où ils peuvent passer... » Mais, en poste depuis seulement quatre ans, il a déjà connu les incivilités et l’incompréhension d’usagers : « Je venais d’arriver dans la collectivité et j’étais en train de faucher un bas-côté. Un automobiliste n’a pas voulu attendre. Il est passé en klaxonnant de façon agressive comme si je faisais exprès de l’ennuyer. Il y a aussi le fait le manque de respect. Quand nous ramassons les déchets sur les routes, certains vont prendre un malin plaisir à balancer des détritus quelques mètres plus loin. Il ne faut pas généraliser. C’est même une minorité, mais à chaque fois cela nous marque. »
Pour Tommy aussi la sécurité est une préoccupation de tous les instants : « Il n’est pas rare que, malgré toutes les signalisations que l’on installe et les précautions que nous prenons, des camions ou des voitures ne vont pas ralentir et nous frôler de très près. Il y a deux mois, nous travaillions sur un chantier sous route barrée. Ça n’a pas empêché un automobiliste de passer. C’est hyper-dangereux car on peut se croire en sécurité et être moins vigilants. Le danger, il faut l’avoir constamment en tête pour nous, mais aussi pour les collègues. »
Il faut que le travail se fasse
En 19 ans de service, dont 11 sur les routes, Frédéric Boursault a, lui aussi, connu des situations difficiles : « Des agents se sont même faits crachés dessus. Pour ce qui est de la sécurité, je me souviens d’une situation où j’ai dû reculer de deux mètres parce qu’une automobiliste a voulu forcer le passage. À une autre occasion, j’ai dû attraper le collègue par la manche pour éviter qu’il se fasse accrocher. C’est parfois de l’inattention de la part des conducteurs, mais ça peut avoir de lourdes conséquences. Il y a quelques semaines, notre fourgon s’est fait percuter sur le bas-côté. L’agent au volant a été touché au nez et aux cervicales... On a beau être habillés en orange de la tête aux pieds, poser des panneaux lumineux, des plots…, ça ne ralentit pas systématiquement. »
Ce qu'ils aimeraient : « C’est un peu plus de prudence et de respect de la part des usagers. Plus de compréhension aussi. Les gens ne savent pas forcément que l’on peut se lever à deux heures du matin pour sécuriser le lieu d’un accident, pour dégager un arbre tombé sur la chaussée ou pour saler une route en hiver et leur garantir des voies dégagées au moment où ils partiront au boulot. »
En d’autres termes, les agents d’exploitation travaillent pour notre confort et notre sécurité. Ils n’attendent pas de reconnaissance particulière en retour, juste un peu plus de courtoisie, de respect et de prudence de la part des usagers.