Le mardi 3 juin, les représentants de sept collèges du Pas-de-Calais se sont réunis à l’invitation de Blandine Drain, Vice-présidente du Département en charge des collèges et des politiques éducatives, et de Rachel Guillou, inspectrice d’académie et directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale, pour dresser le bilan de deux années d’actions en faveur de l’égalité filles-garçons.

Avec 99 collèges du Pas-de-Calais impliqués dans la mise en place des projets destinés à favoriser l’égalité filles-garçons dans le cadre du partenariat éducatif mis en place entre le Département et les services de l’Éducation nationale, le bilan est plus que positif pour l’ensemble des membres de la communauté éducative et des collégiens.

Initié en 2023, ce cycle de travail est parti du constat que les inégalités de genre se mettent en place dès le plus jeune âge, avec l’apparition de préjugés et de processus qu’il est cependant possible de contrecarrer une fois qu’ils sont identifiés.

Des collégiens fiers de présenter leur contribution

Avec leurs professeurs, documentalistes, responsables d’établissement ou représentants de la vie scolaire, les délégations de collégiens réunies dans l’hémicycle du Conseil départemental ont tout au long de cette journée pu présenter leur travail et continuer à réfléchir aux manières de poursuivre leur action.

Mise en place de concours d’éloquence, rencontres de femmes exerçant des métiers dits « masculins », ou au contraire d’hommes exerçant des professions où les femmes sont surreprésentées, réalisation de vidéo de sensibilisation, achats de livres et de jeux pour déconstruire les idées reçues, travail de réflexion autour d’un spectacle ou d’un film traitant des inégalités de genre, les initiatives présentées ont été à l’image de la quantité et de la variété des actions menées dans les collèges participants.

Au fil des présentations et des échanges, le constat est sans appel : chacune des actions mises en place, sans forcément régler la question des inégalités, a permis d’initier un processus qui à l’échelle collective aussi bien qu’individuelle a contribué dans l’ensemble des établissements à une amélioration du climat scolaire qui bénéficie à l’ensemble des élèves, garçons ou filles.

« Plus qu’un objectif atteint, l’égalité entre filles et garçons est un cap à tenir. Le collège c’est l’un des premiers lieux où vous apprenez la citoyenneté. C’est ici que vous devenez les acteurs et actrices du monde de demain. L’égalité filles-garçons, ce n’est pas qu’un combat pour les femmes, c’est une valeur universelle, c’est une promesse pour une société plus libre, plus équilibrée, juste plus humaine. »

Changer les mentalités et les pratiques

Parmi les exemples mis en avant au cours de la journée, le travail d’expérimentation de sanitaires non-genrés au collège Jean Monnet d’Aubigny-en-Artois. Une petite révolution pour les techniciens chargés de l'aménagement des collèges, pour qui séparer toilettes des filles et des garçons était auparavant la norme. Mais cette idée, loin d’être farfelue, pourrait même constituer l’un des outils les efficaces et les plus simples à mettre en œuvre pour la collectivité si l’on se réfère au travail d’Édith Maruejouls, universitaire spécialiste de la géographie du genre. Son travail a en effet démontré que l’aménagement de l’espace public contribue à renforcer les préjugés ou inégalités de genre, mais qu’il est possible en s’intéressant aux mécanismes à l’œuvre, d’inverser la tendance et de les faire reculer en privilégiant certains types d’aménagements.

Parmi les exemples qui ont démontré leur efficacité, la mise en place de sanitaires non-genrés, s’ils sont bien conçus, entretenus et surveillés, est l’une des solutions applicables dans les collèges.

Et lorsque l’on écoute les collégiens et personnels du collège, les résultats sont incontestables : meilleure cohabitation entre filles et garçons, amélioration du climat scolaire, diminution des cas de harcèlement, ou meilleure hygiène, en moins d’un an le choix du non-genré a fait ses preuves à Aubigny-en-Artois. Et si comme pour tout changement, il a fallu un peu de temps à tout le monde pour prendre ses marques, le travail de la communauté éducative a permis de constater des résultats en seulement quelque mois comme a pu en témoigner Camille Sellier, conseillère principale d’éducation du collège :

« Au début, nous avons par exemple dû mettre des autocollants humoristiques dans les cuvettes pour que les garçons apprennent à viser un peu mieux ; un miroir a été installé à la demande des élèves, notamment pour les élèves qui ont des appareils dentaires ; les choses se sont faites progressivement et on a très rapidement pu voir des changements : pour les garçons, on a d’abord vu qu’ils se lavaient plus les mains. Ils ont aussi pu voir le distributeur de protections périodiques, ce qui permet de lever le tabou autour des règles. Pour les filles, nous avons remarqué qu’elles passaient moins de temps isolées dans les toilettes et que depuis la mise en service de ces nouveaux sanitaires nous n’y avons constaté aucun cas de harcèlement, alors que de manière générale les toilettes sont un lieu particulièrement exposé à ce problème. »

Unanimement saluée, cette démarche sera donc un premier jalon pour les collèges du Pas-de-Calais dans la mesure où cette initiative servira de modèle pour tous les nouveaux projets de construction de nouveaux établissements et de rénovation.