Le mardi 16 septembre s’est déroulée à Hesdin-la-Forêt une journée un peu particulière pour des professionnels de l’enfance des territoires du Montreuillois et du Ternois. Le temps d’une journée, des agents de la Maison du Département Solidarité (MDS) et des assistants familiaux ont pu mettre entre parenthèses leurs missions du quotidien pour prendre le temps d’apprendre à se connaître.


L’Enfance, une priorité pour le Département

Dans le cadre de ses compétences en matière d’enfance et d’action sociale, de nombreux professionnels du Département travaillent chaque jour à l’accompagnement d’enfants et de familles en difficulté. Pour faire face à des situations particulières et souvent complexes, chaque corps de métier travaille pour apporter des réponses individualisées tenant compte des besoins et de l’intérêt des enfants. 

Dans le Pas-de-Calais l’enfance est au cœur des priorités du Département. Si on l’additionne avec le handicap et la santé, dans la mesure où ces compétences sont très liées, cela représente près de 75% du budget de la collectivité. 

Donc la cohésion et la qualité des échanges entre nos professionnels sont des enjeux primordiaux, notamment pour les assistants familiaux qui ont la particularité de travailler à domicile. Et même si l’accueil familial est l’une des nombreuses réponses qui existent pour venir en aide aux 7000 enfants accompagnés au titre de l’aide sociale à l’enfance, il reste dans le Pas-de-Calais au cœur de notre politique d’accueil : on y tient, parce que c’est dans nos gènes. 

Dans le cadre de son projet de mandat et de son Pacte des Solidarités Humaines, la collectivité s’est donc donné pour objectif de continuer à exercer dans les meilleures conditions possibles ses missions, tout en améliorant la qualité des prises en charge. 


Assistant familial, un métier à choisir en connaissance de cause

Si la profession recrute, le métier d’assistant familial n’est pour autant pas un choix de carrière comme un autre. Pour Emmanuel Cosnier qui a rejoint la profession en 2024, ou pour Marie-Paule Hospital, qui a quant à elle fait ses débuts en 1990, bien qu’ils aient un parcours professionnel différent, tous deux ont suivi la même procédure pour rejoindre le métier : obtention d’un agrément, formation en vue d’un premier accueil, puis formation continue tout au long de la carrière, on ne devient assistant familial ni par hasard, ni sans passer par ces étapes de sélection et de formation.

Quand pour Emmanuel Cosnier, qui avait par le biais de ses différentes expériences professionnelles déjà l’habitude de travailler avec des adolescents, l’envie de devenir assistant familial s’est transformée en projet professionnel, la décision a été prise en famille : « Nous en avons discuté avec ma compagne dans la mesure où il s’agit d’un projet commun, mais aussi avec ses filles. Car même si elles sont grandes et qu’elles suivent des études supérieures, accueillir d’autres enfants chez nous ce n’est pas anodin. Cela peut susciter pas mal de questions ou de craintes : « Est-ce que l’enfant accueilli ne va pas me remplacer ? Est-ce que ma maman l’aimera plus que moi ? Etc. » Avant de prendre sa décision, il faut vraiment prendre le temps de bien en discuter avec toute la famille. »

Outre ce questionnement sur l’impact de ce choix de vie sur la famille, il faut aussi pour Marie-Paule Hospital être conscient de la réalité du métier : « Moi, je savais depuis déjà très jeune que je voulais faire ce métier : accueillir des enfants chez moi, mais pas uniquement à la journée. Donc quand j’ai commencé la formation, je devais avoir 24 ou 25 ans, j’étais la plus jeune du groupe. Mais j’ai tout de suite été conforté dans mon projet, et ce malgré un premier placement très difficile. Dans ce métier on donne beaucoup, mais on reçoit aussi énormément.

Mais cela ne doit pas faire oublier que l’on peut facilement se retrouver isolé et qu’il est important d’être accompagné tout au long de sa carrière. Il y a la formation bien évidemment, mais aussi il est important de pouvoir échanger sur notre quotidien, car dans ce métier il y a des hauts et des bas, des moments où tout va bien se passer, mais aussi d’autres où l’on va rencontrer des difficultés. »


Limiter l’isolement des assistants familiaux

Cet objectif affiché fait en effet écho aux attentes des assistants familiaux et s’incarne dans le travail des responsables locaux de l’accompagnement des assistants familiaux, qui à l’image de Marie Carnin, accompagnent au quotidien ces agents au profil particulier :

« Mon travail consiste à accompagner les assistants familiaux tout au long de leur carrière : en amont du recrutement, le service de l’accueil familial anime en collaboration avec la PMI (Protection maternelle et infantile) des réunions d’information pour présenter le métier d'assistant familial aux personnes intéressées. Une fois les personnes recrutées, j’assure la formation en vue du premier accueil, et ensuite, tout au long de la carrière des assistants familiaux, mon rôle est d’effectuer un accompagnement aussi bien individuel que collectif, par le biais de groupes de parole ou de formations. 

Mon métier, c’est de prendre soin des assistants familiaux. Je peux par exemple leur apporter un soutien pour des questions de posture vis-à-vis des enfants accueillis, pour préparer un témoignage aux assises, ou pour faire face à une situation difficile. Mais cela peut aussi consister à développer des projets collectifs, comme les marches qui ont été organisées les années précédentes, ou la journée d’aujourd’hui. Cela permet de prévenir l’un des principaux risques auxquels sont confrontés les assistants familiaux, l’isolement, mais aussi de tisser des liens avec l’ensemble des autres professionnels qui peuvent intervenir d’une manière ou d’une autre dans l’accompagnement des enfants, qu’il s’agisse des collègues de la mission jeunesse qui sont venus présenter les mesures coups de pouce, des collègues de la PMI avec qui il a été question du développement de l’enfant, où des référents protection qui, s’ils partagent un objectif commun avec les assistants familiaux, ont un quotidien, des priorités, des manières d’intervenir et des rythmes de travail différents. »


Faciliter le dialogue entre les différentes professions

En effet, il est primordial pour la référente que chacun des professionnels impliqués dans la prise en charge d’un enfant soit conscient des réalités et des impératifs de l’ensemble de ses collègues, l'assistant familial étant « les yeux et les oreilles du référent, celui qui a la charge de l’accueil et de l'accompagnement de l’enfant au quotidien ainsi que de la mise en œuvre de son projet pédagogique, quand le référent sera plutôt chargé de la coordination globale du projet avec la famille et les partenaires, ce qui fait que l’on peut vraiment parler d’un travail en binôme. »

Une réalité qui nécessite de bien avoir en tête pour chacun des professionnels les missions de ses collègues car la prise en charge d’un enfant par le Département ne se résume pas au fait de lui proposer une solution d’accueil comme le rappelle Clémence Gosselin : « En tant que référents, notre mission relève plutôt d’une logique d’accompagnement global de l’enfant et de sa famille, quand les assistants familiaux se voient confier l’accompagnement au quotidien.

 Mon rôle en tant que référente est donc d’accompagner les enfants et leur famille dans le cadre des mesures de placement judiciaires ou administratives, ce qui veut dire qu’une fois que le projet de l’enfant est défini, j’assure les rendez-vous avec les lieux d’accueil, les rencontres avec les partenaires, qu’il s’agisse des écoles, des ITEP (Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques) ou des CMP (Centres médico-psychologiques), mais aussi les demandes aux magistrats ou aux parents, les demandes de relais, etc.

Notre travail de référent implique donc d’être organisé, réactif et rigoureux, pour d’un côté pouvoir assurer le travail administratif quotidien, tout en étant capable de l’autre de réagir très vite pour éviter les situations de rupture, quand il faut par exemple trouver d’urgence une solution d’accueil. Il est donc très important d'avoir confiance en chacun des membres de l’équipe présente autour du projet de l’enfant, et ce type de journée y contribue : on passe un bon moment ensemble, on apprend à se connaître tant que personnes. Cela permet pour l’autre de ne pas être juste être vue comme la « référente » ou « l’assistant familial ». Et c’est aussi l’occasion pour tout le monde de se rappeler que même si nos missions, nos contraintes et nos attentes sont différentes, le plus important, c’est ce que nous avons en commun dans nos métiers : le projet et l’intérêt de l’enfant. »