Comme dans de nombreuses villes portuaires, le sauvetage en mer est une tradition ancestrale. « Notre station existe depuis 1875. Au début des 1970, comme toutes les autres associations de sauvetage, nous nous sommes regroupées au sein de la SNSM qui venait d’être reconnue d’utilité publique », précise Philippe Darques, président de la station SNSM de Calais. Aujourd’hui, la SNSM compte 230 stations sur l’ensemble du littoral national, « mais chacune est indépendante, sous statut de la loi 1901 et est autonome financièrement. C’est-à-dire que nous devons nous débrouiller pour assurer notre financement. » 

Car même si les sauveteurs sont bénévoles, « il faut payer le carburant, c’est une centaine de litres par heure en mer. Nous devons assurer l’entretien, la rénovation ou le remplacement des bateaux... Heureusement nous pouvons compter sur le soutien de partenaires comme le Département du Pas-de-Calais qui a notamment participé en 2024 à l’achat de notre bateau semi-rigide. »

 

Réactivité, dévouement, sacrifice

La station de Calais intervient sur un secteur allant de l’entrée du port de Dunkerque ouest à la pointe du Cap Gris Nez. « Nous intervenons sur déclenchement du CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage). Chaque bénévole opérationnel reçoit une alerte sur son portable et doit alors être prêt à embarquer le plus rapidement possible pour être sorti du port 20 minutes maximum après l’alerte. Cela demande de la réactivité, du dévouement et un sens du sacrifice de la part de l’équipier comme de sa famille qu’il doit abandonner pour partir secourir des personnes en détresse »

Toujours besoin de bénévoles

À Calais, on compte 38 bénévoles pour 27 opérationnels, dont trois femmes : « Nous sommes toujours à la recherche de bénévoles. Il y a quelques années, la plupart travaillaient sur le port, ou dans des entreprises liées à la mer. Leurs patrons les laissaient donc plus facilement quitter leur poste. C’est moins le cas aujourd’hui. Il faut savoir également que passé 67 ans, nous ne pouvons plus embarquer. C’est dommage car c’est à la retraite qu’on est le plus disponible », déplore Philippe Darques lui aussi contraint de rester à terre.

En 2025, les sauveteurs embarqués calaisiens ont effectué une centaine de sorties, soit une tous les 3 jours : « Nous intervenons pour tout type de secours : une voie d’eau, un navire échoué, un incendie sur une embarcation, un bateau de pêche en difficulté, un homme à la mer... »

Sur l’ensemble des missions de sauvetage, la majorité concernait le secours aux migrants : « de janvier à octobre 2025 nous avons effectué 19 sorties liées à la crise migratoire et sauvé 270 personnes d’une mort certaine, dont dernièrement, un couple avec leur bébé. » 

Mais le dénouement est parfois différent : « Je tire mon chapeau aux équipiers qui voient des choses terribles et vivent des situations particulièrement difficiles tant physiquement que psychologiquement. »

Le soutien psychologique est prévu pour les sauveteurs qui en éprouvent le besoin, « moi-même, quand je sais que les gars ont dû faire face à des morts en mer, je m’assure qu’ils tiennent le coup. Si je constate que l’un d’entre eux ne va pas bien, je ne le lâche pas d’une semelle. »

Si chaque station fait un travail remarquable et reconnu, elles ont aussi une difficulté commune : leur financement : « Nous avons recours à des amitiés locales, mais c’est pénible d’aller tendre la main. Alors je dis un grand merci aux collectivités, notamment au Département du Pas-de-Calais de nous soutenir et de ne pas nous lâcher la main. »

  • Photo 4 ou 5 : Le président Philippe Darques, sauveteur depuis plus de 25 ans est fier de son équipe de bénévoles (Photo Frédéric Berteloot).