Dans un contexte budgétaire particulièrement contraint, le Département a souhaité maintenir l’effort pour les sapeurs-pompiers du Pas-de-Calais à hauteur de 85 millions d’euros dans le budget 2025

Chacun doit bien comprendre que les sapeurs-pompiers, au même titre que les forces de l’ordre ou l’école, c’est la République en acte dans les territoires. Et en matière de sécurité, il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui trouvent les solutions pour la faire vivre, sans bruit mais avec responsabilité.

L'Écho 62 de novembre 2025 consacre son dossier au partenariat entre le Département du Pas-de-Calais et du  Service d'incendie et de secours du Pas-de-Calais (SDIS 62).  Un partenariat va bien au-delà d'une simple participation financière de la collectivité. Il s'agit d'une véritable collaboration faite d'échanges réguliers pour répondre aux besoins de celles et ceux qui assurent la sécurité des habitants du Pas-de-Calais, qui sauvent des vies parfois au péril de la leur.

Ces derniers mois ont vu de nombreux avancées  : pose de la première pierre du centre de secours de Boulogne-sur-Mer, première pierre de l’extension de la caserne d’Hucqueliers, inauguration de l’extension de la caserne d’Avesnes-le-Comte…  et tout récemment l'arrivée de nouvelles pompes grande puissance (vidéo ci-dessous) pour lutter plus efficacement contre les inondations et les incendies majeurs. 

Questions croisées à Stéphane Contal et Raymond Gaquère :

En février 2025, le colonel Stéphane Contal a succédé à Philippe Rigaud à la tête du Service départemental d’incendie et de secours du Pas-de-Calais (SDIS 62).

Raymond Gaquère, conseiller départemental du canton de Beuvry, est le président du conseil d’administration du SDIS 62, une présidence déléguée par Jean-Claude Leroy en juillet 2021.

Neuf mois après votre arrivée à la tête du SDIS 62, quels constats en tirez-vous ?

Stéphane Contal : « C’est un très beau corps départemental avec des enjeux extrêmement importants. Le territoire est confronté à de nombreux risques de toutes natures, risques maritimes, risques industriels ou technologiques, risques naturels liés aux changements climatiques comme on a pu le vivre il y a deux ans maintenant… Enjeux également sur le secours routier avec un vaste réseau routier secondaire et une densité de population assez forte. 

Que représente la participation du Département dans le fonctionnement et l’évolution des sapeurs-pompiers du Pas-de-Calais ?

Stéphane Contal : « Le Service départemental d’incendie et de secours est essentiellement financé par les collectivités. Le conseil départemental, qui assure près de 65 % des recettes de fonctionnement du service, est notre principal partenaire aux côtés des communes et des intercommunalités. C’est à signaler puisque par rapport à d’autres SDIS, la participation du Département du Pas-de-Calais est particulièrement importante. Au-delà de l’aspect financier, les relations avec le Département sont excellentes. Nous mutualisons tout ce qui peut l’être. Tout cela pour dire que nos liens ne sont pas que financiers ce qui est extrêmement important. »

Quel est le rôle du conseil d’administration du SDIS 62 ?

Raymond Gaquère : « Le conseil d’administration (18 représentants du Département, 6 représentants des intercommunalités et 1 des communes) se réunit cinq à six fois par an, il assure par ses délibérations la gestion administrative et financière du SDIS 62. Il vote le budget chaque année, les plans de recrutement, les programmes de construction. Le Département veille à ce que le SDIS 62 ne soit jamais en retard, ni dans la rénovation et la construction des bâtiments, ni dans la progression des salariés, dans les mesures d’accompagnement social... »

Alors qu’en est-il de la construction et la rénovation de bâtiments ?

Stéphane Contal : « Là aussi la participation du Département est très forte. La collectivité a porté et porte des constructions de casernes comme ça a été le cas à Hénin-Beaumont, à Arras… et aujourd’hui à Boulogne-sur-Mer. Dans la programmation pluriannuelle, nous terminons des phases importantes de construction de centres de secours qui en ont le plus besoin.

Ces dernières années, les plus gros centres de secours ont été ou vont être réhabilités voire reconstruits. D’autres sont programmés comme à Hucqueliers, ou à Frévent... Nous travaillons actuellement sur une nouvelle programmation de réhabilitations lourdes avec des enjeux forts, notamment autour de l’hygiène et de la sécurité. »

Quelle est la situation en matière de gardes, de personnels, professionnels, volontaires ?

Stéphane Contal : « Nous avons une structuration forte dans le Pas-de-Calais avec 47 centres d’incendie et de secours et un excellent système de gardes postées. Il est assuré par les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires avec un potentiel humain particulièrement important. Plus de 400 personnes sont mobilisables immédiatement, de jour comme de nuit. Nous avons donc un bon maillage du territoire et une réponse opérationnelle de qualité. L’objectif est aujourd’hui de consolider cela, notamment par des professionnels. »

Raymond Gaquère : « Avec le président du Conseil départemental, nous avons annoncé un plan de recrutement à hauteur de 30 sapeurs-pompiers par an pendant trois ans. Nous avons besoin d’avoir une structure forte pour répondre aux besoins de la population et aux risques du territoire. En parallèle, nous relançons un travail sur le volontariat pour améliorer son fonctionnement, mieux comprendre les difficultés des volontaires. »

Stéphane Contal : « Nous devons être en capacité de faciliter l’engagement des volontaires, leurs disponibilités, de valoriser et de préserver le volontariat. Cela se traduit aussi par notre ambition forte d’augmenter le nombre de nos jeunes sapeurs-pompiers, les JSP, qui ont entre 13 et 17 ans. Souvent, à l’issue de leurs quatre années de JSP, ils deviennent sapeurs-pompiers volontaires. »

Accroissement des risques climatiques, secours à personne, quels sont les nouveaux défis que doivent relever les sapeurs-pompiers du Pas-de-Calais ?

Stéphane Contal : « Avec la prévention, les incendies sont peut-être un peu moins nombreux, mais plus compliqués et plus dangereux pour les sapeurs-pompiers. Même si nos techniques d’intervention et nos matériels ont évolué, que nos personnels sont formés continuellement… les nouvelles méthodes et matériaux de construction des habitations, les nouvelles carburations des véhicules… accentuent ou amènent une nouvelle gamme de problématiques. Nous voyons aussi une accélération des risques : inondations, feux de forêt, orages violents. Notre département l’a connu lors des inondations durant l’hiver 2023-2024, la solidarité de sécurité s’accroît aussi avec ces risques-là. Cela se traduit également par l’acquisition de matériels plus spécifiques comme avec les pompes grande puissance qui peuvent s’interconnecter avec le matériel d’autres SDIS.

Raymond Gaquère : « Lors des inondations, comme lors de la crise sanitaire d’ailleurs, en contact direct et permanent avec les élus locaux, avec la population, les sapeurs-pompiers du Pas-de-Calais ont démontré leurs grandes capacités d’organisation des secours. L’arrivée des « méga-pompes » et de leurs équipements est très importante pour garantir la sécurité des habitants du Pas-de-Calais, et pour protéger plus vite, plus fort. »

Le rôle des sapeurs-pompiers est-il en train de se redéfinir ?

Stéphane Contal : « Le métier évolue continuellement. Par exemple, la notion de soins a été introduite pour les sapeurs-pompiers. Il faut aussi souligner une spécificité que peu de Départements ont : notre capacité paramédicale, notamment par nos infirmiers sapeurs-pompiers qui interviennent sur des secours d’urgence aux personnes... C’est aussi une amélioration globale de la prise en charge, par exemple sur des protocoles antidouleur... 

Raymond Gaquère : « Le Département du Pas-de-Calais et le SDIS62 avec ses 1 348 sapeurs-pompiers professionnels et 4 823 volontaires ont une relation de confiance, de respect mutuel, de grande écoute, de proximité. Le Département du Pas-de-Calais entend maintenir cette relation forte et consentir des efforts financiers pour que le SDIS 62 reste parmi les plus performants de France. »

Une interview à retrouver dans son intégralité en page 2 et 3 de L'Echo 62 de novembre 2025

L’activité du SDIS 62 en 2024

• 349 460 appels reçus au CTA– CODIS (Centre de Traitement de l’Alerte - Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours), soit en moyenne 960 appels par jour.

• 436 sapeurs-pompiers disponibles le jour en moyenne et 407 disponibles la nuit en moyenne.

• 133 164 interventions – 119 887 victimes prises en charge par les sapeurs-pompiers.

• Les interventions : 114 121 secours à personne, 6 324 accidents de la route, 5 623 incendies, 4 814 opérations diverses, 2 282 risques technologiques et naturels.

• Le délai moyen d’intervention tous sinistres confondus est de 11 minutes et 50 secondes.

Pour rappel, en 2023, le SDIS62 avait effectué 137 204 interventions et 143 987 en 2022.